Mais en fait, s'agit-il bien de la
génétique au service de la généalogie, ou bien de la généalogie au
service de la génétique...? Disons
que dans les faits, c'est un peu des deux. Bien qu'il ne s'agisse
pas d'une innovation, puisque la génétique existe depuis belle
lurette, pour le généalogiste, c'est assurément une nouvelle
ressource lui permettant parfois de compenser pour le manque de
documentation existant dans certaines régions, plus particulièrement
en Acadie et ailleurs en Amérique, suite à la destruction de
plusieurs registres paroissiaux, que ce soit par le feu, l'eau ou le
vandalisme. Plusieurs de vous se demandent sûrement comment est-ce
possible...?
L'étude génétique par les résultats d'ADN
En quoi consiste l'ADN ? L’acide
désoxyribonucléique, ou ADN, est une molécule présente
dans toutes les cellules vivantes, qui renferme l'ensemble des
informations nécessaires au développement et au fonctionnement d'un
organisme. C'est aussi le support de l'hérédité car il est transmis
lors de la reproduction, de manière intégrale ou non. Il porte donc
l'information génétique et constitue le génome des êtres vivants (source:
https://fr.wikipedia.org/wiki/ADN). Voilà pour
l'explication technique sommaire de l'ADN; vous trouverez sur le
web, une panoplie de sites pouvant mieux vous renseigner sur ce
sujet.
Une analyse génétique est
une technique d'analyse du génome des cellules d'un
organisme. Une empreinte génétique, ou
profil génétique, est le résultat d'une
analyse génétique, rendant possible l'identification
d'une personne à partir d'une petite quantité de ses
tissus biologiques (bulbe de cheveux, sang, salive,
sperme).L'empreinte
génétique repose sur le fait suivant : bien que deux
humains ont une large majorité de leur
patrimoine génétique identique, un certain ensemble
de séquences dans leur
ADN reste spécifique à chaque individu (en raison du
polymorphisme). Ce sont ces séquences spécifiques
d'un individu que l'analyse d'empreinte génétique permet
de comparer. Si un échantillon de cellules présente la
même empreinte génétique qu'un individu, on peut
soutenir que ces cellules proviennent de cet individu,
ou de son éventuel jumeau
monozygote.
La généalogie génétique
En généalogie génétique, il y a trois types
de résultats recherchés, dont les plus populaires sont la validation
des origines d'un ancêtre paternel, c'est-à-dire une lignée
patrilinéaire, de père en fils, connu sous le terme technique de
ADNy (yDNA) ou encore Chromosome Y; et de deux, la validation des
origines d'une ancêtre maternelle, c'est-à-dire d'une lignée
matrilinéaire, de mère en fille, mieux connu sous le terme de ADNmt
(mtDNA) ou l'ADN mitochondrial. Toutefois, l'analyse de l'ADN
mitochondrial (ADNmt) ne permet pas d'identifier à 100 % un
individu, mais permet d'exclure une hypothèse, car cet ADN ne
présente pas assez de variabilité dans les populations.
Il existe un troisième type d'analyse fort
intéressant, le test "autosomal", de plus en plus populaire lorsque
l'on recherche ses origines ethniques. Ce test permet d'attribuer un
pourcentage par région géographique basé sur l'identification de
certains marqueurs particuliers attribués aux populations de ces
régions. La validité et la fiabilité des résultats obtenus a été
remis en question à plusieurs reprises, mais il n'en reste pas moins
que ce test demeure très populaire, particulièrement auprès de ceux
dont la généalogie ne correspond pas nécessairement aux traditions
familiales qui leur ont été transmise par leurs aïeux et bisaïeux.
L'ADNmt est transmis par la mère à tous ses
enfants; toutefois, seulement les filles pourront le transmettre à
leur tour à leurs enfants respectifs, et ainsi de suite. Pour
identifier l'ancêtre représentée par le résultat d'une analyse d'ADNmt,
il suffit donc de remonter une lignée maternelle (matrilinéaire) à
la mère de chacune, par exemple votre mère à sa propre mère, c'est à
dire votre grand-mère maternelle, à votre arrière-grand-mère
maternelle, et ainsi de suite, jusqu'à l'ancêtre le plus lointain
qu'il vous soit possible de remonter.
Par contre, l'ADNy ou Chromosome Y est
transmis de père en fils seulement, et correspond à une lignée
patrilinéaire. Pour en comprendre le principe, jetez un coup d'oeil
au graphique suivant:

On peut ainsi comprendre
l'utilité des résultats d'analyse d'ADN en les comparant à la lignée
généalogique correspondante. Dans un premier temps, cette analyse
identifiera l'origine de l'ancêtre en question, soit Européen,
Africain, Asiatique, Sibérien, Autochtone Nord-Américain, etc...
Dans un deuxième temps, en comparant cette analyse à d'autres
résultats identiques, on pourra ainsi valider l'identité de cet
ancêtre, particulièrement utile lorsqu'il y a un manque de
documentation ne nous permettant pas de remonter la chaîne
généalogique sans l'ombre d'un doute.
Évidemment, il faut pour ce
faire, avoir complété et documenté la lignée généalogique dont nous
désirons faire l'étude des résultats d'ADN.
Puisque l'un ne va pas sans
l'autre, afin que la génétique soit au service de la généalogie, il
faut bien sûr que la généalogie soit au rendez-vous...!
Concordance entre la
généalogie et les résultats de tests d'ADN
Les
résultats de tests d’ADN, mitochondrial ou chromosome Y, sont
particulièrement d’une grande utilité lorsqu’il y a un manque de
documentation dans une recherche généalogique. Toutefois, cela ne se
fait pas toujours sans heurts ou sans controverse. Cela est
effectivement le cas d'une étude approfondie des résultats d'ADN
d'une Fille du Roy bien connue, Catherine Pillard, publiée en 2007.
Au moment de cette étude, les résultats obtenus la classait dans l'haplogroupe
A* comme étant Algonquienne-Sibérienne de nation, un résultat qui
eut l'heure de déplaire à plusieurs généalogistes et généticiens qui
ne sont toujours pas d'accord sur ce sujet. Son cas aura fait couler
beaucoup d'encre et aura soulevé plusieurs polémiques qui demeurent
toujours d'actualité. La persistance d'un généticien québécois a
finalement porté fruit, mais non à la satisfaction de tous,
lorsqu'elle fût classifiée à nouveau comme faisant partie de l'haplogroupe
A10, Sibérien en provenance de l'Oural !
Un cas semblable est présentement à l'étude, soit celui des
descendants de Germain Doucet, Sieur de LaVerdure, un des nombreux
pionniers de l'Acadie. C'est à suivre...
|