Natif de la Normandie, Robert Leclerc, fils
de Jacques et Cécile Legrand, fût baptisé le 16 décembre 1650 à la paroisse de St-Éloi, diocèse de Rouen,
en Normandie. En 1667, on le retrouve en Nouvelle-France,
où il s'est engagé auprès de Jean Soulard, armurier, comme homme à tout faire.
Deux ans plus tard, soit le 25 février 1669, il est confirmé à Beauport,
Québec.
Ce fils de bourgeois exerça le métier de
charpentier toute sa vie durant, et par le fait même fit couler beaucoup
d'encre. Selon la coutume de l'époque, toute transaction d'importance était
enregistrée sous forme d'acte notarié. Notre ancêtre était semble-t-il un
homme d'affaires avisé; il devint rapidement maître charpentier et fût
reconnu pour son travail acharné, et la qualité de ses travaux. Moins de
cinq ans après son arrivée au pays, âgé tout juste de 21 ans, il signe un
premier contrat notarié le 20 mars 1672, en présence du Sieur de La Martinière,
concluant l'achat d'un terrain de quarante arpents avec dépendances
appartenant à Vivien Jean et Isabelle Drouet, habitants du Bourg Royal. Cette
pièce de terre était bornée d'un côté par une terre appartenant à Jean
Boudreau et de l'autre côté par une terre appartenant à un dénommé Petit. Le 29 octobre 1673, il effectue la vente d'une habitation à
Jean Boudreau, son voisin. Ce sont les premiers actes d'une longue liste de transactions notariées, dont
certains sont répertoriés au Dictionnaire bibliographique de nos Ancêtres de
Michel Langlois. Fait inusité, cet historien catalogue notre ancêtre sous le
nom de "Robert Leclerc dit La Bécasse"; d'où lui vient ce
surnom peu flatteur, je n'en ai rencontré aucune trace nulle part ailleurs que dans ce
Dictionnaire, mais ce fait m'a intrigué, et si l'un d'entre vous peut m'éclairer
sur ce sujet, votre aide serait appréciée.
De 1680 à 1705, les minutiers des notaires
Pierre Duquet, François Genaple, Louis Chambalon et Gilles Rageot mentionnent
de multiples transactions entre Robert Leclerc et les habitants de Québec et
de ses environs, généralement pour la construction de maisons et autres
habitations du même genre.
En avril 1712, Robert Leclerc alors habitant de Québec,
signe un contrat pour l'édification de la charpente de la nouvelle église de
Trois-Rivières. Terminée en 1715, cette église fût détruite par le feu en
1908. Son fils Jean Baptiste, lui aussi maître charpentier, avait élu
domicile aux Trois-Rivières. Suite au décès de Marie Jallais en décembre
1721 à l'Hôtel-Dieu de Québec, Robert choisit d'élire domicile chez son
fils Jean Baptiste aux Trois-Rivières, où il décèda le 5 juillet 1731. Ses
funérailles eurent lieu le même jour, dans cette église dont il avait lui-même
érigé la charpente à l'image de sa Normandie natale.
Plusieurs de nos ancêtres exercèrent le
métier de charpentier. Les meilleurs artisans du bois, après quelques années
d'apprentissage, pouvaient devenir maître charpentier et prendre à leur
charge, des contrats de construction. Le titre de Charpentier Royal n'était
octroyé qu'aux meilleurs d'entre eux. Au début du XVIIIe siècle, trois
générations de Leclerc avaient obtenu le titre tant convoité de Charpentier
Royal: notre ancêtre Robert, son fils aîné
Jean Baptiste le 21 mars 1739, et le fils de ce dernier, Jean Baptiste, le 2
juillet 1740 en remplacement de son père décédé le 17 juin 1739.
Notre ancêtre ne fût pas pressé de prendre
épouse, malgré l'édit royal du 5 avril 1669 qui enjoignait les célibataires
habitants de la Nouvelle-France à contracter mariage sous peine d'amende. Un
article des Généalogistes Associés du 23 août 2003 nous en donne une
brève description. On peut y lire ce qui suit:
Le 5 avril 1669, le roi signe un édit où il
prévoit une amende pour ceux qui ne sentent pas assez tôt l’attrait du mariage
:
«Qu’il soit établit quelque peine pécuniaire, applicable aux hôpitaux des
lieux, contre les pères qui ne marieront pas leurs enfants à l’âge de vingt
ans pour les garçons et de seize ans pour les filles.»
Le lundi 20 octobre 1670, le Conseil souverain de Québec enregistre l’édit
royal dont la réglementation est sévère : il est «enjoint aux pères de faire
déclaration au greffe, de six mois en six mois, des raisons qu’ils pourraient
avoir eues pour le retardement du mariage de leurs enfants, à peine d’amende
arbitraire.»
Par contre, les garçons qui acceptent de se marier à 20 ans ou moins et les
filles qui prendront mari à 16 ans ou moins sont récompensés en recevant
chacun, le jour de leurs noces, la somme de 20 livres, «ce qui sera appelé le
présent du roi».
Les distraits, les célibataires endurcis et les récalcitrants n’échappent pas
à la vigilance royale. Les engagés dont le terme de 36 mois est terminé et les
«autres personnes qui ne sont plus en puissance d’autrui» reçoivent, le 20
octobre 1670, une mise en demeure stipulant qu’ils devront se marier l’année
suivante, au plus tard quinze jours après l’arrivée des navires transportant
les filles du roi.
S’ils osent demeurer célibataires, ils ne goûteront pas la liberté qui leur
est si chère, car ils seront condamnés à «être privés de la liberté de toute
sorte de chasse et de pêche et de la traite avec les Sauvages, et de plus
grande peine si nécessaire.» Cette dernière menace vise surtout les coureurs
des bois qui préfèrent la liberté des forêts aux contraintes maritales.
L’intendant Talon, lui-même célibataire, ajoute, comme peines supplémentaires,
la privation d’honneurs civils ou religieux pour les récalcitrants.
L'histoire ne nous dit point quels sont les
avertissements qu'il dût recevoir ou encore les amendes qu'il eut à payer pour
le non-respect du règlement du 20 octobre 1670...
Le 8 juillet 1680, Robert Leclerc, alors âgé de
trente ans, signe un contrat de mariage en présence du Notaire Gilles Rageot.
Ce contrat stipule qu'il est né le 7 décembre 1650 et qu'il est le fils de feu
Jacques Leclerc et de feue Cécile Legrand, ses père et mère, de la paroisse de
St-Éloy de Rouen, en Normandie. Sa future épouse Marie Jallais, est dite fille
de feu Jean Jallais et de feue "Barthelmye Bissondy", de St-Martin de Ré, en
Aunis. Marie Jallais, "Fille du Roi", était veuve de Jean Lauzet et mère
de quatre enfants. On note la présence de Claude Berman de la Martinière,
Conseiller du Roi au Conseil Souverain, Pierre Denys de la Ronde et son épouse
Marie Catherine Le Neuf, Jean Godefroy et son épouse Louise Le Neuf, Louis
Lesage, Jacques Bédard, Jean Leboeuf et de plusieurs autres. Le mariage fût
célébré à Québec le jour suivant.
Aux quatre enfants de Marie Jallais vinrent
s'ajouter les dix enfants qui naquirent de ce mariage, dont six prirent époux
et débutèrent les lignées ancestrales suivantes:
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Jean Baptiste et Marguerite Pépin, 10
novembre 1704, Trois-Rivières, Québec
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Anne Marie et Mathurin Roy, 28 mai 1699,
Charlesbourg, Québec
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Pierre et Marie Angélique / Jeanne
Basquin-dit-Bastien, 9 novembre 1712, Québec
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Marie Françoise et Jean
Brouillet-dit-Laviolette, 27 novembre 1707, St-François-de-Sales (Ile Jésus)
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Louis et Élisabeth / Isabelle
Basquin-dit-Bastien, 21 octobre 1715, Québec
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Marie Marguerite et François
Charlery-dit-Lavaleur, 28 novembre 1713, Québec
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